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PARIS

sont déjà sur les sommités de l’Asie ; dans quelques milliers de siècles ils émigreront par bandes nombreuses et viendront animer nos déserts. »

N’insistons pas sur ces calculs de fantaisie qui feraient l’espèce humaine si vieille, et laissons M. de Labédollière disserter à perte de vue sur les origines plus ou moins vraisemblables de Paris.

Tout le monde sait que Lutèce, qui fut le premier nom de Paris, prit naissance dans l’île de la Cité. Mais cet étroit berceau ne put suffire longtemps à cette ville d’avenir, et, comme le fleuve qui l’entourait n’était vraiment qu’un ruisseau, elle eut bientôt fait de sauter par-dessus.

Il va sans dire que je ne vais pas vous raconter l’enfance de la Gaule, ni ses luttes contre les Romains. Mais il me semble intéressant de comparer les habitants de Lutèce aux Parisiens, et, sans hésiter, je proclame Lutèce au-dessus de Paris sous quelques rapports dont on va juger.

L’empereur Julien qui habita longtemps le Palais des Thermes nous dit dans son Misopogon : « que les habitants de Lutèce ne connaissaient ni l’insolence, ni l’obscénité, ni les danses lascives : que s’ils rendent hommage à Vénus, c’est parce qu’ils considèrent cette déesse comme présidant au mariage, et comme contribuant à procurer une nombreuse progéniture. »

Evidement les Parisiens ne descendent pas des Lutéciens ; ou bien, il ne faut plus dire : tels pères, tels fils !