Page:Routhier - À travers l'Europe, impressions et paysages, Vol 1, 1881.djvu/276

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

avait étouffé sa grande voix. — Est-il mort tout-à-fait ? Non, il vit dans la persévérante admiration de la France et du monde entier ; il vit en vous qu’il a appelés sa gloire et sa couronne ; il vit dans l’humble enfant qui vient offrir aujourd’hui à vos regards le froc illustré par son génie et sa sainteté, vous faire entendre une voix qu’il a bénie, et travailler à sa renommée en vous prouvant une fois de plus que personne ne peut l’égaler. »

Ce magnifique début donna aux fidèles de Notre-Dame des espérances qui n’ont pas été trompées, et la foule qui se presse autour de sa chaire s’est toujours accrue depuis.

Si vous vous étiez trouvés, lecteurs, sur la grande place de Notre-Dame le premier dimanche du carême de 1876, vous auriez vu un de vos compatriotes fendre les flots pressés de quatre à cinq milliers d’hommes pour pénétrer un des premiers sous la voûte immense de la vieille basilique.

Vous auriez remarqué, parmi cette foule, des jeunes gens et des vieillards, des magistrats, des hommes d’épée, des députés, des ministres — pas ceux d’aujourd’hui — des hommes de lettres, enfin l’élite de la noblesse, de l’intelligence et du savoir. Quel beau spectacle présente alors le majestueux temple ! Quel tableau que cette nef immense réservée aux hommes, inondée de têtes qui bientôt se mettent en mouvement, et se tournent toutes ensemble vers la chaire, où l’illustre dominicain vient d’apparaître !