Page:Routhier - À travers l'Europe, impressions et paysages, Vol 1, 1881.djvu/285

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l’éditeur Lemerre avait payé à M. Sarcey pour ces quelques paroles.

La conférence — si je puis employer ce mot — m’a désappointé. Au lieu de faire une étude sur l’œuvre de Victor Hugo, le conférencier s’est mis tout uniment à nous en lire des passages qu’il entremêlait de quelques observations élogieuses.

Il y a certainement dans la Légende des Siècles des pages splendides, où Victor Hugo a déployé toutes les ressources de son puissant génie poétique. La Conscience, Puissance égale Bonté, les Lions, le Petit Roi de Galice, Pauvres Gens et plusieurs autres pièces contiennent des vers admirables.

Mais au milieu de ces beautés, que de taches, que de laideurs morales, que de défauts, même littéraires ! Il va sans dire que les ombres littéraires dans l’œuvre d’un tel poête sont presque toujours volontaires ; mais elles n’en choquent que plus le lecteur sans préjugés.

Du reste, on sait que les doctrines religieuses éparses dans la Légende des Siècles sont à peu près tout ce l’on voudra. Le catholicisme, le matérialisme, le panthéisme, le mahométisme, la métempsycose y sont tour-à-tour prêchés dans des poèmes plus ou moins fantastiques ; et le tout est mêlé de déclamations révolutionnaires, de théories creuses, d’utopies nuageuses et d’antithèses impossibles.

Or, M. Francisque Sarcey admire tout cela sans aucune restriction. Il place Victor Hugo sur un piédestal, comme une Pythie antique sur son trépied,