Page:Routhier - À travers l'Europe, impressions et paysages, Vol 1, 1881.djvu/323

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Si nous avons jamais en Canada quelque fléau féminin, il nous viendra des États-Unis ; ce sera la femme égalitaire, celle qui prétend que les deux sexes sont égaux par les facultés, par les droits, par la mission à remplir. Sans aucun doute l’homme et la femme sont semblables en ce sens qu’ils ont tous deux un corps et une âme, mais ils ne sont pas égaux, sous tous les rapports. Suivant la comparaison d’un spirituel écrivain, un petit cercle est semblable à un grand cercle, mais ils ne sont pas égaux, et je me garderai bien de vous dire, lectrices, lequel des deux sexes est le grand cercle.

Cessons de plaisanter, et concluons en disant que le théâtre amuse, mais qu’il ne corrige pas. Sans doute, c’est un amusement intelligent et qui instruit. Sans doute, il pourrait être un puissant moyen de propagande de la vérité, s’il était autrement fait. Mais tel qu’il est, il pervertit non seulement les cœurs mais les intelligences.

Les fausses théories des hommes d’État, les idées subversives des philosophes, les doctrines socialistes, ne sont vulgarisées et ne parviennent au cœur du peuple que par le théâtre. Les révolutions sociales se font sur la scène avant de descendre dans la rue. Lorsque les plaintes, les haines et les revendications des classes populaires, personnifiées par des acteurs habiles, vont et viennent sur les tréteaux, pleurent, parlent et agissent devant des milliers d’auditeurs, elles ont un retentissement que ne peuvent avoir ni les discours des hommes d’État, ni même la presse avec ses mille voix.