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PARIS

noble empereur, des murs sévères couronnés de créneaux, un palais superbe au large perron d’acier, un donjon où planait le grand aigle d’or, une chapelle gothique décorée avec art ; c’était Aix-la-Chapelle.

Sous le dais royal un majestueux vieillard, souverain d’un vaste empire conquis par ses armes, arbitre des destinées du monde alors civilisé, entouré de chevaliers et de barons, caressait de la main la garde de sa vaillante épée qui porte dans l’histoire le nom fameux de Joyeuse ; c’était le grand empereur Charlemagne.

La poésie dramatique avait donc ce soir-là remonté les âges jusqu’à l’époque la plus glorieuse de l’histoire de France ; elle avait remué les cendres des anciens preux qui ont façonné cette illustre nation, et elle s’était arrêtée au héros fameux dont le nom a traversé les siècles, dont la légende a fait un demi-dieu, et que les poètes allemands, français, espagnols, provençaux, italiens, ont tour à tour chanté.

La France possède dans sa poésie du moyen-âge des richesses artistiques inappréciables, qui pendant des siècles ont dormi dans l’oubli et qui reparaissent maintenant au jour, comme on voit surgir du sol italien les superbes monuments de Pompéï.

C’est de ce trésor poétique que M. le Vicomte Henri de Bornier a tiré son beau drame de La Fille de Roland, qui m’a semblé un réveil de la poésie catholique en France, et qui m’a convaincu de l’immortelle vitalité de l’art dans ce beau pays.

Roland a été vraiment un personnage historique ;