Page:Routhier - À travers l'Europe, impressions et paysages, Vol 1, 1881.djvu/60

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Les lacs de la province d’Ontario sont beaucoup plus vastes, plus profonds, plus majestueux.

Nos jolis lacs des Laurentides sont aussi pittoresques peut-être, plus sauvages, avec des cadres plus sombres.

Mais le lac Lomond a plus de grâce, plus d’éclat, plus de couleurs variées, plus d’aspects qui enchantent et qui étonnent. Rien n’égale le bleu transparent de ses eaux, et le vert de ses rivages tour à tour, sombre et tendre, pâle et jaune comme le citron, ou semblable à l’émeraude.. Les Écossais l’appellent le Lac de la Beauté et la Reine des Lacs. Le Roi des Lacs ne serait pas un titre assez tendre.

Un voyageur enthousiaste, montagnard sans doute, déclare qu’il critiquerait le Paradis perdu plutôt que le lac Lomond !

Mon admiration est plus calme. Mais je trouve vraiment beaux les paysages qui m’entourent, et chaque demi-mille parcouru me découvre une perspective nouvelle et charmante.

Le lac Lomond a trente milles de longueur et dix milles dans sa plus grande largeur. Il est parsemé d’îles verdoyantes qui ressemblent à des corbeilles de fleurs, et qu’on croirait flottantes. Le bateau pimpant et mignon circule au milieu comme un oiseau mouche dans un parterre. De temps en temps il s’élance vers la terre, et va toucher en battant des ailes tantôt un petit village qui rit sur la grève, tantôt un bel hôtel où l’on va faire villégiature, et tantôt