Page:Routhier - À travers l'Europe, impressions et paysages, Vol 1, 1881.djvu/95

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

bureaux, dans lus restaurants des milliers de millionnaires, s’étend le quartier Wapping où des familles en haillons croupissent dans des bouges fétides.

Car si les dieux antiques Vénus et Bacchus ont leurs autels dans cette nouvelle Babylone et sont un peu les dieux de tout le monde, il n’en est pas de même de Mercure, qui ne prodigue ses dons qu’à quelques rares privilégiés.

Les Londonners qui promènent leur faste à l’étranger et qui se scandalisent de rencontrer un mendiant dans les rues de Rome, s’imaginent-ils que les quartiers indigents de leur capitale sont inconnus parce-qu’ils n’y vont jamais eux-mêmes ?

Qu’ils se détrompent, Les touristes du monde entier traversent ces zônes de misère, et sous l’apparente vigueur d’Albion ils découvrent cette plaie du paupérisme qui gangrène son corps social.

Les Français qui n’aiment pas l’Angleterre, mais qui la visitent quelquefois, ne lui ménagent pas les sarcasmes sur ce chapitre.

Je veux citer ici la description que Francis Wey a faite de l’indigence à Londres ; il va sans dire qu’il ne faut pas la prendre au pied de la lettre :

« Quand on a vu des haillons à Londres, Callot ne semble plus qu’un dessinateur du Journal des modes. Un homme entre la tête la première par un trou quelconque dans un réseau de guenilles, il cherche une issue pour ses quatre membres, et le voilà ac-