Page:Routhier - Contestation de l'élection de l'Hon Hector Langevin (jugement), 1876.djvu/18

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J’ai déjà dit que les témoins de la défense avaient détruit la preuve faite parles pétitionnaires des prétendues menaces que M. Fafard aurait faites à une certaine classe d’électeurs, de ne plus leur rendre à l’avenir les services qu’il leur avait antérieurement rendus.

Je ne dirai aussi que quelques mots du Rvd. M. Roy qui n’a fait que reprocher à ses paroissiens le scandale qu’ils avaient causé en se battant dans une assemblée publique, et leur adresser quelques observations d’un caractère local et personnel, qui ne pouvaient en aucune manière influencer le vote des électeurs. Pour les punir du scandale qu’ils avaient causé, il a jugé à propos de ne dire qu’une basse messe au lieu de chanter la grand’messe le dimanche. Cela regarde entièrement son supérieur ecclésiastique et lui, et l’on doit comprendre que je n’ai rien à y voir. Tels sont les faits prouvés, au moins les plus importants ; car on comprend qu’il y a une multitude de détails dans lesquels je ne puis pas entrer. Avant de dire quel effet les sermons ou discours ci-dessus ont produit, il n’est pas inutile de montrer que plusieurs des phrases citées, et dos expressions employées sont tirées presque textuellement de la lettre pastorale des évêques, et quelquefois même de l’Ecriture Sainte. Avant le Rvd. Sirois, Jésus-Christ avait dit ces paroles “ de faux christs et de faux prophètes s’élèveront, ne les croyez pas, ” et l’Ancien Testament avait recommandé au pasteur de ne pas abandonner son troupeau “aux . loups ravisseurs.”

Comme lui, la lettre pastorale des évêques qu’il commentait comparait e libéralisme catholique “ au serpent qui se glissa dans le paradis terrestre” et disait “ qu’il n’était plus permis en conscience d’être libéral catholique. ” Comme lui et ses confrères, la lettre pastorale disait queles. partisans de cette erreur voulaient briser les liens qui unissent les peuples aux évêques, que cette erreur est dangereuse, qu’elle a causé des désastres en Europe et pourrait en causer ici, et qu’il faut la repousser et accepter les enseignements de la hiérarchie ecclésiastique.

La lettre pastorale disait encore que le prêtre et l’évêque peuvent dans certaines circonstances déclarer avec autorité ‘ ‘ que voter en tel sens est un péché, ’ ’ et l’on peut voir en conséquence que les curés incriminés avaient en réalité ajouté peu de commentaires à la lettre pastorale du 22 septembre 1875.

Quoiqu’il en soit, il convient pour en finir avec la question de faits, de dire l’effet probable que ces discours ont produit. Or dans mon opinion il est parfaitement sûr d’après la preuve que le résultat général et final de l’élection n’en a pas été affecté. En comparant’ les votes enregistrés en faveur des deux partis dans les élections précédentes et dans celle-ci, il est facile de se convaincre que les paroisses de St. Urbain et de la Baie St. Paul sont les seules qui aient donné un résultat différent dans la dernière élection. Quelques témoins ont expliqué cette différence par divers mécontentements suscités contre M. Tremblay à l’occasion de quelques uns de ses votes en chambre, et à l’occasion de la construction d’un quai à la Baie St. Paul. Il y a du vrai en cela ; mais la véritable explication se trouve dans le fait suivant : M. Onésime Gauthier est un homme qui exerce beaucoup d’influence dans St. Urbain et la Baie St. Taul. En 1874, il a employé toute cette influence à combattre M. Chauveau et à soutenir M. Tremblay. En 1875 il s’est présenté lui-même et s’est fait élire par une forte majorité, ce qui a encore accru son influence. Or en 1876 il a tourné toute cette influence contre M. Tremblay et il a nécessairement entraîné avec lui une grande partie de ses amis.