Page:Routhier - De Québec à Victoria, 1893.djvu/161

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d’œil avec une perspicacité remarquable, ont immédiatement deviné la vertu caractéristique du R. P. Lacombe, et il lui ont donné un nom qui signifie : « Celui qui a bon cœur. »

Il y a quarante ans qu’il porte ce nom, et qu’il témoigne en toute occasion la tendresse de son cœur aux malheureux enfants des prairies et des bois.

Un jour — c’était en 1852 — un homme jeune encore mais qui était déjà une grandeur, puisqu’il venait d’être sacré évêque de Saint-Boniface, se rencontra avec cet homme bon qui était jeune aussi et qui se nommait Albert Lacombe. La grandeur et la bonté se comprirent, et toutes deux s’embrassèrent.

Le même zèle apostolique échauffait ces deux cœurs, et depuis lors ils ont travaillé de concert à cette vigne du Seigneur dont nous admirons aujourd’hui les fruits merveilleux.

L’homme bon est devenu grand à son tour ; et l’autre a continué de grandir, jusqu’à devenir le souverain spirituel d’un immense pays, et presque le souverain temporel de sa race dans l’Ouest canadien.

Dans le monde, on juge de la grandeur d’un homme d’après celle du théâtre sur lequel il joue son rôle. Grâce à cette erreur ce n’est pas l’homme qui illustre le théâtre où il figure, c’est le théâtre qui grandit l’homme, et lui donne de l’éclat.