Page:Routhier - De Québec à Victoria, 1893.djvu/206

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— C’est un revenant.

— Mon cher Alexis, les revenants ne sortent pas dans un froid pareil.

— C’est pourtant bien, ça, Père ; et demain matin nous trouverons le cadavre de quelque sauvage suspendu dans un arbre. Il a besoin de quelque chose, et il vient nous le demander.

— Si c’est une voix humaine, c’est un homme vivant et non pas un mort.

Mais Alexis hocha la tête et il prêta l’oreille avec un air peu rassuré.

Les gémissements avaient cessé, et le P. Lacombe proposa de faire la prière du soir ; Quand ils eurent récité leur chapelet, ils s’étendirent sur leurs lits pour dormir.

Ils allaient fermer l’œil lorsque les plaintes recommencèrent plus distinctes et plus lamentables qu’auparavant.

Le missionnaire se leva.

— Alexis, dit-il, lève-toi. Il y a là quelqu’un qui a peut-être besoin de nous ; il faut aller voir.

Mais Alexis, très courageux en face d’un vivant, ne se croyait pas de taille à lutter contre un mort, et il ne voulut pas aller demander au revenant la raison de sa plainte.

— Eh ! bien, dit le P. Lacombe, j’irai seul. Mais