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Page:Routhier - De Québec à Victoria, 1893.djvu/264

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Mais j’admire ceux qui ont gravi les sommets intellectuels de la science, des arts, de la gloire littéraire.

J’admire ceux qui sont parvenus sur les sommets spirituels, la vertu, la perfection, ces Thabors que le ciel illumine. Mais qu’ils sont rares en ce monde !

Il n’y a pas de ces distinctions à faire dans les grandeurs de la nature. Toutes ses cimes vraiment élevées ont une majesté qui m’en impose ; et ce qui me plaît dans les beautés et les hauteurs de la nature, c’est qu’elles prodiguent à tous et tous les jours le déploiement de leurs merveilles.

Il y a ici des glaciers, des cimes majestueuses, des forêts, des lacs, des rivières, des grottes, des cascades, des torrents, des ravins, des feuillages verts, des fleurs épanouies, et toutes ces choses étalent leurs beautés pour tout le monde ; celles qui ont des voix chantent, murmurent, donnent des concerts vraiment populaires, et les autres font écho. Il en est qui poussent des acclamations pour le premier venu, fût-il un simple conseiller municipal !

Quelle différence avec les lacs de confection humaine, les jets d’eau, les fontaines et autres beautés artificielles, qui ne déploient leurs charmes que par ordre de Sir X, ou pour fêter le passage de quelque Altesse !

Oh ! quelle est belle la nature quand on voit Dieu au-delà, comme à travers un voile ! C’est un poème immense et sublime ; et ce n’est pas une fiction, c’est