Page:Routhier - De Québec à Victoria, 1893.djvu/298

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Puis, les fanfares résonnent, et les visiteurs gravissent le premier plateau, traversent le camp des tribus sauvages, et escaladent la seconde colline dans la direction du couvent, où doit être servi le dîner.

Avant d’entrer au couvent, décrivons un peu le panorama splendide qui se développe à nos regards.

Au pied des collines coule le majestueux Fraser, à la fois profond et rapide, et nous pouvons en suivre au loin les sinuosités au milieu des floraisons luxuriantes qui couvrent ses rivages.

De l’autre côté du fleuve, la forêt ombrage les vallées et les flancs des montagnes, et par-dessus la jeune génération d’arbres, qui ressemble, à un soyeux manteau vert tendre, se dressent des cèdres gigantesques au feuillage plus sombre, tantôt isolés et tantôt par groupes. Quand ils sont groupés ils ressemblent à de hautes pyramides gothiques, et sans doute il s’y loge des orphéons d’oiseaux comme dans les flèches des vieilles cathédrales.

Isolés, on les soupçonnerait d’être de grands curieux, allongeant le cou par-dessus les têtes de leurs voisins pour voir passer les trains du Pacifique, ou pour saluer leurs vieux amis, les sauvages, qui n’ont pas les instincts destructeurs des Blancs, et qui les ont laissés vivre pendant des siècles.

Je me dis encore, en regardant leurs grandes silhouettes, qu’ils sont les aristocrates des forêts, et que décidément