Page:Routhier - De Québec à Victoria, 1893.djvu/342

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nos vastes territoires, je crois revoir ces fiers Arabes, simples et silencieux, que j’ai souvent observés au Désert.

« En même temps, c’est bien ainsi que je me figure les races primitives de l’Orient, et surtout ces graves patriarches dont l’Ancien Testament nous a conservé l’histoire.

« Sans doute les patriarches avaient le bonheur de connaître le vrai Dieu, et une morale plus parfaite. Mais leur vie pastorale et nomade, sous la tente, avait de nombreux points de ressemblance avec la vie sauvage dans nos prairies, et bien des fois j’ai cru avoir sous les yeux un paysage d’Orient.

« L’autre jour, j’ai aperçu auprès d’une source, en pleine prairie, une famille Métisse, composée du père, de la mère et d’un jeune enfant. Assis sur l’herbe, à l’ombre d’une haute colline derrière laquelle le soleil commençait à descendre, ils prenaient tranquillement leur dîner, pendant que leurs chevaux paissaient à deux pas.

« N’est-ce pas ainsi, pensais-je, que la sainte Famille voyageait dans les plaines désertes de Syrie et d’Égypte ?

« Aujourd’hui, j’ai cru voir passer, dans un sentier tracé par les buffles, Agar et Ismaël s’enfuyant dans la solitude.

« Les costumes mêmes se ressemblent. Entre la couverte, dont notre Indien s’enveloppe, et le burnous ou la gandoura, il y a peu de différence.