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À TADOUSSAC

Quel beau fleuve que notre St-Laurent ! Et que Celui qui l’a fait est un grand auteur !

Certes, j’aime mes livres à la folie ; une tragédie de Corneille ou de Racine me charme ; une comédie de Molière, ou même de Sardou me délasse agréablement ; De Maistre et Veuillot m’enthousiasment. — Mais notre fleuve St-Laurent est un poème plus beau que les chefs-d’œuvre de ces grands maitres. Je le parcours sans cesse et je ne m’en lasse jamais. — Je passe des heures entières sur ses rivages à regarder la même page, et elle me dit toujours quelque chose de neuf.

Il est des heures les grands écrivains me laissent insensible, et ne réussissent pas à dissiper mon ennui, — mais mon beau fleuve est plus éloquent qu’eux tous, et ses chants trouvent toujours le chemin de