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LES PREMIERS SAUTS

simple filet d’eau sépare l’ilet de la terre ferme ; mais de l’autre, la rivière se précipite dans une descente rapide au milieu de cailloux qui montrent leurs têtes noires au-dessus des vagues en ébullition.

Une vingtaine d’hommes, employés par la maison Price, y travaillent en ce moment à remettre à l’eau de nombreux billots que les eaux du printemps ont entassés sur les rochers. Nos canots s’arrêtent à la tête du rapide, et Patrick court sur une roche élevée en inspecter un peu le cours. Pendant ce temps-là, nous demandons au chef des travailleurs s’il est possible de sauter le rapide.

— Non, répond-il ; nous ne le sautons jamais. Il n’est pas long, mais il est traître, et deux canadiens, en voulant le sauter, s’y sont noyés l’année dernière.