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CHEZ LES MONTAGNAIS

L’embouchure de la rivière Atikouapé s’ouvre devant nous, et plus loin un enfoncement sombre nous annonce Mistassini, avec ses rivages plats, où s’étendent de vastes forêts vierges.

Mais tout à coup le vent du nord, rasant la cime des grands bois se précipite sur le lac. Pendant quelque temps nous lui tenons tête, mais il devient bientôt d’une telle violence, que nous n’avançons presque plus malgré les efforts de nos rameurs.

Oh ! Le lac St. Jean ! Il est beau, très beau sans doute. Mais il faut s’en défier comme on se défie d’une belle femme. Il a des caprices et des changements d’humeur surprenants. Il vous sourit, il vous berce, il vous cajole avec une coquetterie toute féminine ; et tout-à-coup le traître se