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À TADOUSSAC

nous avaient accompagnés jusqu’au quai, et je n’aurai pas l’humilité de dire qu’ils poussaient au départ. Au contraire, ils faisaient de généreux efforts pour nous retenir, et la tentation a été bien forte. Il y avait là des âmes bien nées, des intelligences brillantes, des cœurs sympathiques qui nous promettaient à la Pointe-au-Pic des jours charmants et qui nous les auraient certainement donnés.

Mais notre résolution était prise depuis longtemps, notre projet fermement arrêté, notre itinéraire tracé d’avance. Nous dénouâmes doucement et sans les briser les amarres du cœur qui nous retenaient au rivage, et ce pilote de l’homme qu’on appelle la volonté cria courageusement : let go.

Après le brouhaha de nos fêtes, après les travaux et les fatigues de nos assemblées, après la vie un peu énervante de