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Page:Routhier - Le Centurion, roman des temps messianiques, 1909.djvu/10

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LE CENTURION

Le sol est fertile et très pittoresque. Tantôt montagneux, tantôt simplement ondulé, il produit les céréales, la vigne, l’olivier, le figuier, et il fournit de riches pâturages aux troupeaux.

Sa jolie mer en miniature est un joyau brillant, magnifiquement enchâssé ; et ce qui double l’éclat de ses teintes chatoyantes, c’est qu’elle est toujours plongée dans un bain de lumière.

Je passe des heures à regarder les barques qui la sillonnent en tous sens. Elles me rappellent celles de Castellamare, où je suis né, et, par moments, j’oublie que je suis en Orient.

C’est bien le soleil d’Italie qui blanchit ces voiles lointaines, et qui trace des chemins de lumière et de feu sur les vagues ridées par la brise. C’est bien le même ciel de lapis-lazuli, marqué çà et là de veines grises et blanches.

Mais non ; quand mes regards s’arrêtent sur la grande route, l’Italie s’évanouit, et l’Orient reparaît. Les caravanes qui défilent au pas berceur des chameaux, sur les grandes routes qui viennent de Tyr, de Sidon et de Damas — les campements d’Arabes poursuivant leur vie nomade à travers le désert — les bergers promenant leurs troupeaux, sur les pentes des montagnes — les Juifs drapés dans leurs larges tuniques aux couleurs voyantes, les femmes voilées, portant de grandes amphores sur leurs têtes, et venant puiser l’eau à l’abreuvoir public, les ânes, amis et compagnons de l’homme, tout me