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LE CENTURION

C’est un phénomène vraiment curieux que cette mer, et il me paraît bien difficile d’expliquer son origine sans recouvrir aux Livres Juifs, lesquels racontent que dans un jour de colère, il y a près de quinze siècles Jéhovah a creusé cet abîme pour y engloutir cinq villes pécheresses.

J’ai vite tourné le dos à cette terre désolée, et je suis revenu avec bonheur au bord de mon beau lac de la Galilée, en suivant la côte occidentale du Jourdain.

De ma fenêtre, je contemple une gracieuse petite baie, creusée entre deux côteaux, comme une amphore à deux anses ; et, quand vient la nuit, les petites barques aux blanches voiles viennent s’y blottir, tandis que Vénus, accoudée à son céleste balcon y mire ses diamants.

Toutes nos divinités champêtres auxquelles la population ne croit pas, prodiguent ici leurs bienfaits et leurs richesses avec une libéralité qu’elles n’ont pas pour nous qui leur décernons un culte, très peu convaincu, du reste.

J’ai importé de Rome en Palestine mes dieux Lares. Ils sont groupés autour d’un petit autel sur lequel j’entretiens le feu sacré. Ils sont les seuls auxquels je garde encore un reste de foi. La flamme qui monte de ce foyer, et que je contemple dans mes rêveries du soir parle encore à mon âme. Elle est vivante, elle brille, elle éclaire, elle s’élève jusqu’au dessus de ma demeure, comme pour m’indiquer qu’il y a un séjour meilleur au delà de cette