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Page:Routhier - Le Centurion, roman des temps messianiques, 1909.djvu/121

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LE CENTURION

avaient cette manie de vouloir dormir leur dernier sommeil sous ces montagnes coniques de pierre qui font aujourd’hui notre étonnement.

Nous avons donc traversé le Nil, visité les trois grandes pyramides de Khéops, de Khéphrêm, de Menkéra, bâties au bord du désert lybique, et le Sphinx qui est toujours la grande énigme insoluble ; et tournant ensuite au Sud, nous nous sommes dirigés vers Memphis, dont les tombes colossales se dessinaient à l’horizon.

Mon père, et nos jeunes amis, Gamaliel et Onkelos, chevauchaient à mes côtés, et semblaient faire escorte à une jeune princesse. Car je les dominais de toute la hauteur de mon dromadaire.

Ah ! ma chère mère, quelle course exquise ! Mes compagnons de route, montés sur d’élégants chevaux arabes, se moquaient de ma monture ; mais je me sentais au-dessus de leurs quolibets.

Confortablement assise sur le moelleux coussin de pourpre qui recouvrait la bosse de mon énorme chameau, il me semblait que j’étais sur un des trônes de l’Orient, et qu’ils étaient mes humbles serviteurs. — « Vous ressemblez à la reine de Saba, venant rendre visite à Salomon », m’a dit Gamaliel. — Avec cette différence, ajouta Onkelos, que si Salomon vous avait connue, c’est lui qui vous aurait d’abord rendu visite. — Dans le désert, j’aime mieux le chameau que le cheval. Mon père, toujours bon pour moi, a cédé à mon caprice, et m’a donné la monture de mon choix.