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LE CENTURION

frêles demeures ambulantes que des esprits animent et éclairent.

Que vous dire, ô mère, des ruines colossales de Memphis ? Comment vous décrire le Serapeum, et le Mastaba de Thi, et le Colosse de Ramsès II, et les avenues de sphinx, et les onze grandes pyramides ?

L’antiquité de tous ces monuments, qui remontent à quinze, vingt et trente siècles, leurs proportions énormes, leur architecture massive et simple, me jettent dans la stupeur. Je reste sans parole en présence de ces merveilles, dont je voudrais tant connaître l’histoire.

J’ai été attristée par le contraste que présentent ces grandes ruines, œuvres des hommes, avec l’éternelle jeunesse de la nature. Parmi les restes de la vieille Memphis, et les monumentales pyramides où dorment des Pharaons inconnus, il y a de la vie qui subsiste. Il y a un bois de palmiers toujours verts, qui ombrage la rive d’un petit lac sacré.

Des canards joyeux y prennent leurs ébats, pendant que sur la grève des ibis pâles et des flamants roses, juchés sur leurs longues pattes comme sur des échasses, semblent dormir leur dernier sommeil. Quels rêves font-ils dans cette attitude d’immobilité qui ressemble à la mort ? Quelles visions étranges passent devant leurs yeux à demi-fermés, et les fascinent ?