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Page:Routhier - Le Centurion, roman des temps messianiques, 1909.djvu/149

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LE CENTURION

enseignait la recherche du plaisir ; mais il le plaçait dans la vertu.

Les disciples d’Épicure lui convenaient davantage ; car ils ne condamnaient que les excès du plaisir qui pouvaient engendrer la douleur ; et si la raison devait garder la suprématie sur les sens et les passions, elle devait leur laisser cependant une certaine liberté, et leur permettre des jouissances très larges.

Cet épicurisme mitigé avait paru plus acceptable à Pilatus.

— « Ma philosophie, disait-il, est très simple, et plus j’ai observé le monde et connu la vie, plus je l’ai simplifiée.

Je ne cherche plus la raison des choses, parce que je suis convaincu que je ne la trouverai pas. Pourquoi me fatiguer dans une recherche que je crois inutile ? Et comment pourrais-je espérer résoudre ce grand problème moi-même, quand tant de philosophes n’y ont pas réussi ?

Je me contente donc de regarder passer les choses sans me demander d’où elles viennent, où elles vont, ni de quoi elles sont faites.

Si elles sont belles, je les admire, et j’essaie de les arrêter au passage pour jouir de leur beauté.

Si elles sont laides, je ferme les yeux, je m’en détourne, je les repousse ; mais si elles persistent à offusquer mes regards, et si elles troublent mes plaisirs ou obscurcissent mon horizon, j’emploie à les briser toute la force dont je dispose.