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Page:Routhier - Le Centurion, roman des temps messianiques, 1909.djvu/161

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LE CENTURION

Nicodème. — Mais, en parlant ainsi, Platon exprimait-il seulement un sentiment personnel et nouveau ? Ou bien était-il l’écho des croyances populaires, en Grèce ?

Onkelos. — Je crois qu’il donnait une expression à une longue attente traditionnelle. Cette croyance était même éloquemment affirmée dans le Prométhée d’Eschyle, et dans certaines pages de Socrate.

Nicodème. — Et s’est-elle perpétuée en Grèce ?

Onkelos. — Je crois qu’elle a trouvé sa manifestation définitive dans l’érection d’un temple à Athènes, qui est dédié « Au Dieu Inconnu. »

Gamaliel. — Et la même croyance existe chez les Perses, et chez les Égyptiens.

Camilla. — En Italie, nos poètes ont recueilli ces traditions orientales ; et Virgile leur a donné l’expression la plus précise et la plus complète. J’ai sous la main sa quatrième églogue qui est vraiment extraordinaire.

Camilla commença à la lire. Mais son père l’interrompit :

— Ce ne sont là que des rêves de poète ; et ils n’ont de crédit qu’auprès de ceux qui ont perdu la foi dans le polythéisme. Quant à moi, je reste fidèle à la religion des ancêtres. C’est elle qui a fait la grandeur de Rome ; et c’est son abandon qui fera sa décadence. Je ne me fais pas illusion sur l’affaiblissement de notre foi. Il est le résultat de la corruption des mœurs. Nous nous applaudissons