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Page:Routhier - Le Centurion, roman des temps messianiques, 1909.djvu/17

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LE CENTURION

loin de Magdala ; et quand j’y fais une course, j’y retrouve en petit les thermes, les portiques, les théâtres, et les lieux d’amusements de Rome.

Les Galiléens sont fort scandalisés de la conduite de leur roi ; mais la terreur qu’il inspire leur a imposé silence, et ce couple incestueux et adultère bravait en paix la conscience publique, lorsqu’une voix puissante s’est fait entendre, et a dénoncé le scandale.

C’était la voix du prophète Jean, surnommé le Baptiste, parce qu’il baptisait ses disciples dans les eaux du Jourdain. Voilà mon cher ami un type extraordinaire et qui aurait fait sensation sur le forum romain.

C’est un homme qui incarne le désert, dans lequel il a vécu vingt ans. Vingt ans, il a gardé le silence, et tout à coup, il est devenu une voix, mais une voix comme on n’en avait jamais entendu. Non-seulement sa bouche parle ; mais sa physionomie, son attitude, son geste, sa vie, tout parle en lui, et tout est éloquent. Après avoir été le mutisme personnifié, il est devenu l’incarnation de la parole ; et quand on lui demande qui il est, il répond : ego sum vox !

Il parle comme parlait peut-être l’homme de la nature primitive ; ou plutôt, il parle le langage d’un monde mystérieux que nous ne connaissons pas, et qui a dû lui être révélé dans des visions de sa vie solitaire.