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Page:Routhier - Le Centurion, roman des temps messianiques, 1909.djvu/181

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LE CENTURION

Moïse n’était pas seulement un génie, comme Socrate et Platon ; il avait reçu de Jéhovah l’autorité et la mission, et c’est l’enseignement de Dieu lui-même qu’il nous a transmis. Si le peuple a cru en lui, c’est parce qu’il a donné des preuves de la divinité de sa mission.

Nos prophètes ont également prouvé par leurs œuvres que Dieu lui-même les inspirait. Mais aussi, voyez quelles ont été la vitalité de notre foi religieuse et l’immortalité de notre sentiment national.

Israël a été vaincu, dispersé, emmené en captivité, sans chefs, sans patrie, sans drapeau, et il a survécu à tous les malheurs qui devaient l’anéantir.

L’Égypte n’est plus qu’une ombre. La Grèce achève de mourir. Rome elle-même est en décadence, et Israël qu’elle a conquis, et qui est plus vieux qu’elle de huit siècles, est plus vivant qu’elle.

Le Juif est partout, dans tous les pays du monde. Il s’y établit, il y fonde des foyers, des familles, des villes juives au milieu des villes païennes. Il apprend la langue des pays qu’il habite, il y entretient des relations sociales, il y devient puissant ; mais il reste Juif.

Les gouvernements qui le trouvent envahissant prennent tous les moyens de l’assimiler, ou de le proscrire. Mais il résiste à l’assimilation et à la proscription ; et quand on l’a fait sortir par la porte, il rentre par la fenêtre.