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LE CENTURION

— Ils appartiennent aux princes hérodiens.

Tous deux parcoururent les chambres sépulcrales, et s’assirent sur une pierre tombale renversée.

Dans la couche de poussière que le temps avait accumulée sur les tombeaux, des fleurs vivaces croissaient.

Sous ce manteau de résurrection, les tombeaux semblaient sourire. Mais un vent pleureur gémissait en frôlant les stèles funéraires, et son souffle écartait les tiges vivaces, pour montrer aux hommes oublieux que sous cette verdure il y avait des cendres humaines.

Onkelos cueillit quelques fleurs, et les offrit à Camilla en disant :

— Mon cœur ressemble à ces cendres, mais il y germe encore des sentiments qui ont la vivacité des boutons de roses.

Camilla prit le petit bouquet et dit :

— Merci, ces fleurs ont un parfum étrange. — Elle se leva, et après quelques pas, tous deux se retrouvèrent au dehors, où la nature immortelle chantait la plénitude de la vie, et l’ivresse de l’amour.

Le globe toujours plus rouge du soleil allait se cacher derrière un large cône de nuages tout crevassé qui touchait la terre, et dont les déchirures ressemblaient à des torrents de lave rouge.

Mais Onkelos regardait moins la nature que sa compagne, et il se laissait gagner par l’admiration. Il ne parlait pas, et cependant il songeait que c’était le moment de parler.