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LE CENTURION

contournèrent le mont des Oliviers, et rentrèrent à Jérusalem par la vallée de Josaphat, où plus de vingt générations dormaient leur dernier sommeil. L’aspect de ce vaste cimetière les rendit silencieux et tristes.

C’est ce jour-là, dans la soirée, que Camilla écrivit cette description de la vallée de Josaphat, que nous extrayons de son journal.

« Qu’elle est tranquille et triste cette vallée solitaire !

« Elle ressemble au champ des pleurs, décrit par Virgile, dans les enfers ; et le Cédron, avec son maigre filet d’eau rappelle le Léthé.

« Quoique bruyant, il est lui-même d’une tristesse profonde. Il ne chante pas, il se plaint. Il fait péniblement son chemin à travers les tombeaux séculaires, les rochers et les montagnes, dans des ravins que le soleil n’éclaire jamais, et il va se perdre dans cet océan d’oubli qu’on nomme la Mer Morte.

« Je ne retrouve plus dans cette vallée étroite le bocage solitaire plein d’arbrisseaux sonores :

In valle reducla seclusum nemus et virgulta sonantia silvis. Mais aux bords du Cédron, comme autour du Léthé, il me semble voir voltiger les âmes d’innombrables générations ».

Hinc circum innumeratæ gentes populique volabant.

« Les bois murmurants sont remplacés par une forêt de stèles funèbres et de tombes silencieuses.