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LE CENTURION

Camilla ayant exprimé son grand désir de la voir, Marthe s’approcha d’elle, pendant que les trois hommes causaient ensemble, et lui dit en baissant le ton :

— Ma sœur est veuve. Elle était naguère très mondaine ; mais elle vit aujourd’hui comme une recluse. Elle ne consent à se montrer que lorsque Jésus de Nazareth vient nous voir. Elle ne sort jamais que voilée de noir pour aller au temple, quand elle espère que notre ami s’y fera entendre. »

Mais Camilla ne se rebuta pas. Elle renouvela ses visites à Marthe, et sut gagner ses bonnes grâces en la faisant causer de Jésus de Nazareth. Alors, elle insista à faire la connaissance de Myriam :

— Dites à votre sœur que ce n’est pas vaine curiosité de ma part, mais pour causer particulièrement de Jésus de Nazareth. Dites-lui que je partage son admiration pour le grand prophète, et que je serai peut-être au nombre de ses disciples, quand j’aurai appris à le connaître.

Myriam ne put rester sourde à ce pressant appel ; et, dès leur première entrevue, les deux femmes se sentirent spontanément attirées l’une vers l’autre.

Camilla fut frappée de la beauté de Myriam. Mais il lui sembla qu’elle avait honte de ce don comme d’un défaut, et qu’elle s’efforçait d’en voiler l’éclat, Elle n’avait guère d’autre culture intellectuelle que celle qu’elle avait puisée dans la lecture