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Page:Routhier - Le Centurion, roman des temps messianiques, 1909.djvu/22

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LE CENTURION

VI

QUI EST-ELLE


caïus oppius à tullius


J’ai revu ma belle inconnue. Un de ses serviteurs m’a ouvert la porte, et m’a dit que sa maîtresse était sortie. Je me retirais fort déconcerté lorsque je l’aperçus au fond d’une allée de son jardin. Elle me tournait le dos et marchait lentement, drapée dans une ample écharpe de soie blanche rayée de filets noirs. Elle alla s’asseoir sur un banc de pierre, et se mit à lire un rouleau de papyrus qui contenait, d’après ce qu’elle m’a dit, « les Prophéties de Daniel. »

Dès qu’elle entendit le bruit de mes pas, elle se leva, et s’avança lentement au-devant de moi. Son air me fit très bien comprendre que je la gênais.

Mais je n’eus pas besoin de lui rappeler mon nom, ni le service que je lui avais rendu. Un peu troublée par le regard que je tenais fixé sur elle, elle me rappela notre rencontre de hasard, et la conversation s’engagea ; mais à peine ouvrait-elle ses grands yeux.

De beaux acacias qui laissaient filtrer les rayons du soleil à travers leurs feuilles ciselées ombrageaient mal notre promenade, et je lui proposai de nous asseoir sous une tonnelle voûtée de petites feuilles rouges et vertes ; mais elle me répondit que