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LE CENTURION

Les sanhédrites les plus ambitieux et les plus habiles se rendaient parfaitement compte que la propagation des doctrines nouvelles, prêchées par le Galiléen, minait leur autorité et leur position sociale ; que son succès diminuait leur prestige, et allait tarir la source de leurs revenus.

Tant que l’attente d’un Messie n’avait été qu’une espérance lointaine, ce dogme ne les avait pas gênés. Ils l’avaient exploité ; ils en avaient vécu.

Mais ils n’avaient pas prévu les résultats de son accomplissement ; et maintenant, ces résultats s’annonçaient comme désastreux pour leur influence sur le peuple, et pour leurs intérêts pécuniaires.

Le messianisme, tel que Jésus l’entendait, se posait en antagonisme avec l’interprétation pharisaïque des Écritures, et avec le culte mosaïque tel que pratiqué par le sacerdoce.

Jésus disait bien que la loi nouvelle était la confirmation de l’ancienne. Mais il critiquait et réprouvait la plupart des pratiques du rabbinisme. Il instituait un nouveau sacerdoce pour prêcher et répandre la religion nouvelle.

Un des premiers actes de sa vie publique avait été de chasser les vendeurs du Temple. Or, les vendeurs du Temple payaient des licences et des loyers aux prêtres, pour faire leur commerce sous les portiques et dans les parvis.

Si ce commerce prenait fin, et si les sacrifices étaient supprimés, la grande source des revenus du sacerdoce serait tarie. Et si le sacerdoce nouveau