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LE CENTURION

cette condamnation à mort anticipée. Mais aucun d’eux ne desserra les lèvres.

Quand le vieux docteur en Israël, dont l’enseignement était si célèbre, se leva, tous les regards se tournèrent vers lui.

C’était un beau vieillard grand et robuste, que ses soixante-dix ans n’avaient pas encore courbé, et dont la figure pleine de vie était encadrée de cheveux blancs, se mêlant à une longue barbe également blanche qui couvrait sa poitrine.

Il commença sur un ton calme.

« Si le procès de Jésus de Nazareth était déjà fait, et s’il était juridiquement avéré qu’il est, comme l’affirme le Grand-Prêtre, un faux prophète, un contempteur de la loi de Moïse, un rebelle à l’autorité, qui va attirer sur nous le courroux de Rome, je partagerais l’avis du Grand-Prêtre, et je dirais avec lui : « Il faut que cet homme meure ! »

« Mais la preuve juridique des crimes dont on l’accuse n’est pas faite, et nous n’avons pas le droit de le traiter comme un coupable avant d’instruire son procès.

« Or, ce procès, Sanhédrites, est le plus grave, le plus compliqué et le plus important dont ce tribunal ait jamais été saisi. La question qu’il soulève n’est pas individuelle, elle est nationale. Élevez vos cœurs et vos esprits, Sanhédrites, à la hauteur de ce grand litige que je vais placer devant vous sur son véritable terrain.