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LE CENTURION

de tourner en ridicule les naifs et les simples qui lui faisaient escorte, en racontant des fables risibles inventées par les disciples. Aussi étaient-ils dans l’étonnement de voir un homme de la réputation de Gamaliel donner dans un pareil travers.

Quelques-uns laissèrent entendre que l’âge affaiblissait toujours les facultés les plus brillantes, et que Gamaliel ne tomberait pas dans cette erreur s’il était encore dans la vigueur de son grand talent.

Seul Jonathas ben Usiel, savant auteur des paraphrases chaldaïques sur le Pentateuque et les Prophètes, tenta d’opposer quelques raisons aux arguments de Gamaliel. Il prétendit que ce dernier ne pouvait vraiment trouver le caractère messianique en Jésus qu’en s’appuyant sur les prétendues prophéties de Daniel.

— « Or, vous savez, Sanhédrites, que dans mes études sur les Prophètes je conteste ce titre à Daniel, et je crois y avoir démontré que le livre qu’on lui attribue est apocryphe.

« Mais il y a deux choses qui sont admises par tous : C’est que le Messie doit être de la race de David, et qu’il doit naître à Bethléem. Or, Jésus de Nazareth tire ce nom de l’obscure bourgade où il est né, et ses parents que tout le monde y connaît sont d’humbles ouvriers galiléens. C’est d’ailleurs, un Messie glorieux que nous attendons, un Messie qui, comme dit Isaïe, « prospérera, grandira, sera exalté, souverainement élevé… devant qui les