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LE CENTURION

« Pas de religion sans socerdoce ; et l’ennemi des prêtres, est l’ennemi de la nation.

« Nous sommes les gardiens de la loi de Moïse. C’est le code divin de l’humanité. Vouloir le transformer est un crime. C’est l’arche de notre alliance avec Jéhovah. Quiconque ose y toucher commet un sacrilège. Anathème soit celui qui veut détruire cette Arche sainte ! Anathème soit celui qui veut porter la main sur les oints du Seigneur ! Il a déjà trop vécu ! »

Malgré les applaudissements qui saluèrent cette fulminante harangue, plusieurs scribes et Anciens hésitaient encore ; et quelques-uns proposèrent de faire une enquête, et d’infliger à Jésus de Nazareth le supplice de la flagellation.

Mais Caïphe, hors de lui, s’écria :

« Vous n’y entendez rien. À quoi servirait un châtiment qui laisserait vivre ce profanateur impie et sacrilège qui veut détruire le Temple ? Il faut qu’il meure sous le poids d’une double condamnation prononcée par nous représentants de Dieu sur la terre, et par le représentant de César, maître de l’univers ! Il faut que sa mort, entourée de la majesté et de l’infaillibilité de la loi, soit en même temps ignominieuse, et de nature à noyer son prestige dans l’humiliation et le mépris public !

« Quel qu’il soit, il faut qu’il meure pour le salut du peuple, et, comme le veut la loi romaine, de la mort de la croix !