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Page:Routhier - Le Centurion, roman des temps messianiques, 1909.djvu/30

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LE CENTURION

la figure transfigurée par l’émotion et l’extase, nous dit : « Voici l’Agneau de Dieu qui efface les péchés du monde. » Et il se prosterna. Nous fîmes comme lui. Et quand nous nous relevâmes, notre premier maître, sans rien dire tant son émotion était profonde, nous montra de nouveau Jésus de Nazareth qui s’éloignait en suivant le rivage du Jourdain.

Son geste signifiait que c’était Lui qu’il fallait suivre désormais, et nous nous séparâmes de Jean le Baptiste, non sans tristesse.

Un sentiment inconnu nous dominait, et nous avertissait que c’était une nouvelle orientation dans notre vie, un appel intime et mystérieux auquel il nous fallait obéir.

Nous suivîmes donc Jésus de Nazareth, de loin, n’osant le rejoindre ni lui parler. Mais il se retourna, et nous dit :

— Que cherchez-vous ?

— Nous cherchons le Messie, et nous nous étions attachés à Jean parce que nous croyions que c’était lui. Mais il vient de nous faire comprendre que c’est vous qui l’êtes. Dites-nous, Maître, où demeurez-vous ?

— « Venez et voyez », nous dit-il ; et nous le suivîmes.

— Avait-il une habitation ? leur demandai-je.

— Il habitait Capharnaüm, mais nous couchâmes ce soir-là dans une tente de feuillage, au bord du Jourdain, faite avec des branches de palmiers