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LE CENTURION

Quant aux anciens, ils devaient tout naturellement faire mauvais accueil à ce réformateur, qui prêchait le mépris des honneurs et des richesses.




Et puis, pendant ses trois années de prédication publique, comment les avait-il traités tous ces personnages pleins de morgue qui allaient le juger ?

Que de fois il avait humilié les prêtres pharisiens en démontrant au public qu’ils ne connaissaient pas, et qu’ils n’observaient pas la loi de Moïse !

Que de fois il avait convaincu les scribes d’ignorance, et s’était moqué de leur prétendue science !

Que de fois il avait crié : Malheur aux riches !

Et maintenant, c’étaient ces riches, ces faux savants, ces prêtres corrompus qui allaient juger sa vie et ses enseignements !

N’était-il pas condamné d’avance ?

Mais cruel spectacle émouvant que celui de la lutte engagée entre la synagogue et Jésus !

D’un côté, c’est l’intérêt, l’envie, la jalousie, la haine, l’hypocrisie, l’intrigue, le machiavélisme.

De l’autre, c’est la droiture, la franchise, la bienveillance et même la charité.

La synagogue tend des pièges au nouveau prophète. Elle a partout des affidés qui le suivent, qui l’observent, qui l’interrogent, et qui font rapport aux princes des prêtres.