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Page:Routhier - Le Centurion, roman des temps messianiques, 1909.djvu/319

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LE CENTURION

et il voyait déjà s’accomplir toutes les horreurs du siège de Jérusalem par Titus, et toutes les désolations qui allaient accompagner la destruction du temple.

Ses disciples s’approchèrent de lui, et voulurent le distraire de ses sombres pensées, en lui faisant admirer les pierres colossales qui servaient d’assises à l’édifice, et qui lui assuraient de longs siècles d’existence.

— En vérité, répondit Jésus, de toute cette construction monumentale il ne restera pas pierre sur pierre.

Alors le Maître se leva, et tournant le dos au temple, il prit la route qui descendait vers le Cédron.

Ses disciples le suivirent en silence.

La prédiction contenue dans ces paroles : « Voilà que votre maison sera déserte, » commençait déjà à s’accomplir. Le temple n’était plus habité, car Dieu en était sorti pour n’y plus rentrer. C’en était fait de sa gloire ! On ne viendrait plus à ses solennités ; et quand il aurait été incendié, et renversé de fond en comble, on tenterait en vain de le rebâtir.

Toujours suivi par ses disciples, Jésus longea le mur du jardin de Gethsémani, en songeant que dans deux jours il y subirait toutes les tortures morales de la plus cruelle agonie.

Arrivé au sommet du mont des Oliviers, il se retourna vers Jérusalem, et s’assit sur une pierre au bord du chemin.