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Page:Routhier - Le Centurion, roman des temps messianiques, 1909.djvu/321

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LE CENTURION

Oliviers. C’était son oratoire de prédilection. Les montagnes sont les escabeaux de ses pieds. Elles sont aussi comme des autels que la nature élève vers le ciel, et il semble que la prière de l’homme y monte plus aisément vers Dieu. C’est pourquoi Jésus se retirait souvent sur les montagnes pour prier.

Ce matin-là, non seulement il allait prier, mais il voulait contempler une dernière fois, des hauteurs, les beautés de la grande ville qu’il aimait, et qui l’avait méconnu, les magnificences de la terre qu’il allait quitter, qui était l’œuvre de ses mains, et dont il était l’interprète auprès du Créateur.

De temps en temps il s’arrêtait, et se retournait du côté de l’Orient pour voir grandir l’aube naissante. Ce n’était pas encore l’aurore, messagère du soleil. Le bas du firmament ne faisait que blanchir à la cime des montagnes de Moab. Mais déjà ses lueurs pâles dessinaient les arêtes des monts et les profondeurs des ravins.

Ce pays pittoresque et tourmenté offrait à ses regards une image bien frappante de son peuple, qui avait connu tour à tour les sommets de la gloire, et les abaissements de la défaite. Et comme il symbolisait bien la ruine définitive, cet entassement de montagnes s’effondrant dans un tumulte gigantesque vers la mer Morte, pendant qu’au fond de la vallée profonde le Jourdain se déroulait comme un ruban d’argent pour aller se perdre dans le même abîme !