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Page:Routhier - Le Centurion, roman des temps messianiques, 1909.djvu/34

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LE CENTURION

— J’ai connu Myriam de Magdala, répondis-je, et je serais très curieux de connaître l’histoire de Photina, la Samaritaine. Il faudra que vous me la racontiez quelque jour.

Mais, pour le moment, c’est à votre maître surtout que je m’intéresse, Peut-il vraiment rétablir le royaume d’Israël, et s’en faire proclamer le roi ?

— Jean hésita à me répondre. — Puis, il me dit avec une candeur et une franchise que j’admirai : Nous ses disciples, nous le voudrions bien, mais nous sommes désolés de voir que rien ne semble plus éloigné de ses projets. Car il s’est dérobé, l’autre jour, quand une foule a voulu le proclamer roi, et il nous dit souvent que son royaume n’est pas de ce monde.

— J’ai déjà entendu répéter cette parole. Mais que signifie-t-elle ? S’il n’est pas roi de ce monde, de quel monde sera-t-il roi ?

— Du monde des âmes.

— Et comment appellera-t-il à lui toutes les âmes ?

— Par sa parole.

— Est-ce tout ?

— Par ses miracles.

— Et si sa parole et ses miracles ne suffisent pas ?

— Par son sang.

— Que dites-vous ? Est-ce qu’il voudrait mourir ?

— Il le dit.

— Mais la mort, c’est la fin de tout ?

— Il dit que c’est le commencement.