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LE CENTURION

les accusations, encore mal définies, que son gendre et lui se proposaient de porter contre Jésus.

Quant aux motifs de sa haine, ils étaient multiples ; mais ils se résumaient en ceci ; que la nouvelle religion prêchée par le jeune novateur allait non seulement ruiner l’autorité et le prestige de sa famille, mais supprimer ses revenus.

Le hardi novateur n’avait-il pas tout récemment chassé du Temple, comme s’il lui appartenait, les marchands qui y faisaient commerce ?

Comme tout accusé devant un tribunal régulier, Jésus avait droit de s’attendre qu’on allait lui dire enfin pourquoi il avait été arrêté, et quelle était l’accusation portée contre lui.

Mais ce n’est pas ainsi que la justice d’Anne allait procéder ; et sans faire connaître à Jésus de quoi on l’accusait, il voulut obtenir de lui un exposé de sa doctrine, et une esquisse biographique de ses disciples.

Devinant le but et l’objet de cet interrogatoire, Jésus déjoua l’habilité de l’astucieux vieillard, en refusant de lui faire d’autre réponse que celle-ci :

— « J’ai prêché ouvertement au grand jour, interrogez ceux qui m’ont entendu. » Cela voulait dire : Il vous convient à vous d’agir la nuit, en secret ; de comploter et de soudoyer la trahison dans l’ombre ; mais moi, je parle et j’agis au grand jour, en présence de la foule.