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LE CENTURION

comment ses collègues et lui avaient alors déclaré Jésus digne de mort.

On recourut donc au même procédé : Caïphe interpella de nouveau Jésus, et l’adjura au nom du Dieu vivant de dire s’il était vraiment le Christ.

Quelques heures auparavant Jésus avait répondu : « Je le suis ». Et non-seulement on ne l’avait pas cru, mais on avait dit : c’est un blasphème, digne de mort. Et c’est ce même blasphème que Caïphe voulait lui faire proférer encore.

Plein de sérénité et de calme, Jésus répondit : « Si je vous le dis, vous ne me croirez pas, et si je vous interroge, vous ne me répondrez pas, ni me renverrez. Mais désormais (c’est-à-dire quand vous l’aurez fait mourir) le Fils de l’Homme sera assis à la droite de la puissance de Dieu. »

— Tu es donc le Fils de Dieu ? reprit Caïphe. Et Jésus répondit : « Vous le dites, je le suis ».

Le blasphème que les sanhédrites attendaient, et désiraient, était répété devant tous, et tous se hâtèrent de prononcer une nouvelle condamnation.

Jusque là, tout allait bien, et vite, au gré des princes des prêtres ; mais il fallait que ce verdict fût suivi de la sentence de mort, que seul le procurateur romain pouvait prononcer ; et il y avait lieu de craindre que le représentant de César ne se montrât récalcitrant.

Les ennemis de Jésus prévoyaient bien que l’obstacle était là, et qu’ils auraient à déployer toutes leurs roueries astucieuses pour en triompher.