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Page:Routhier - Le Centurion, roman des temps messianiques, 1909.djvu/36

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LE CENTURION

— Qu’elle ne savait pas ce qu’elle lui demandait ; et que nous aurions à boire le même calice que lui, c’est-à-dire, souffrir et mourir comme lui.

— Et malgré cela, vous persistez à le suivre ?

— Oui.

— Mais il ne doit pas rencontrer un pareil désintéressement chez tout le monde ?

— Non. L’autre jour, un scribe, très fin, et très ambitieux, qui avait pensé s’assurer quelque avenir en s’associant à notre maître, est venu lui dire : Je vous suivrai partout où vous irez. Jésus l’a regardé en face et lui a répondu : Les renards ont leurs tannières, et les oiseaux ont leurs nids. Mais le Fils de l’Homme n’a pas où reposer sa tête.

Le scribe a compris, et il a tourné le dos.

Un autre est venu lui dire : « Je veux vous suivre, mais donnez-moi le temps de régler quelques affaires de ma maison. » Jésus lui a répondu : « Quiconque regarde en arrière, en posant la main sur la charrue, n’est pas apte au royaume de Dieu. » Et le Scribe s’en est allé.

— Alors, votre Maître exige que ses disciples abandonnent tout, et immédiatement pour le suivre ?

— Oui.

— Mais de quoi vivez-vous ?

— Du produit de nos pêches, des biens que quelques-uns de nous avaient, et qu’ils ont mis dans la communauté, des dons qui sont faits au Maître.

— Avez-vous un trésorier, ou un dépositaire, administrateur de la caisse commune ?