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LE CENTURION

Mais les Sanhédrites étaient trop astucieux et trop habiles pour embarrasser le gouverneur romain avec des dissertations théologiques. C’eût été compliquer maladroitement le procès, et s’exposer à un échec.

Pour se rendre favorable le représentant de Rome il fallait placer le litige sur un autre terrain, et ils dirent à Pilatus :

— « Cet homme soulève le peuple, il empêche de payer le tribut à César, et il se dit le Christ-Roi. »

En portant cette accusation les Sanhédrites mentaient audacieusement, et ils affichaient une loyauté hypocrite.

Mais le gouverneur ne pouvait pas fermer les yeux sur une accusation de cette nature. Il était le défenseur obligé de la suprématie de Rome. Se proclamer roi, c’était se révolter contre César et commettre un crime de haute trahison.

Sans doute, l’accusation paraissait sans fondement. Car Jésus n’avait jamais manifesté aucune aspiration à la royauté politique d’Israël ; il n’avait jamais désobéi à aucune prescription de la loi romaine, jamais refusé de payer le tribut, jamais invité le peuple à secouer le joug ; il n’avait jamais organisé aucun soulèvement politique, ni tramé aucun complot contre l’autorité de César.

Mais enfin l’accusation directe et formelle était portée ; le gouverneur serait accusé lui-même de trahison s’il refusait d’en prendre connaissance.