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Page:Routhier - Le Centurion, roman des temps messianiques, 1909.djvu/367

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LE CENTURION

Alors Pilatus fit sortir Jésus, et sa présence sur les gradins du portique souleva une nouvelle explosion de fureur.

De tous côtés se faisaient entendre des accusations de toute espèce, accompagnées d’injures et d’outrages :

— « C’est un possédé du démon, un malfaiteur, un transgresseur de la loi, un contempteur des prescriptions mosaïques et du sabbat, un profanateur du Temple, un révolté contre l’autorité religieuse et la domination romaine… »

Mais rien ne troublait la sérénité de Jésus. Calme et digne, il regardait cette foule houleuse, du même œil qu’il regardait naguère la mer courroucée de Tibériade. D’un seul mot, il aurait pu la calmer. Mais il se taisait et la laissait mugir.

— N’entends-tu pas, lui dit Pilatus, de combien de choses ils t’accusent ?

Jésus gardait le silence.

Le gouverneur pensait : Singulier personnage, en vérité, et qui ne m’aide guère à le sauver ! Quand il devrait se taire, il parle, et il dit précisément les choses qui peuvent le faire condamner. Quand il devrait parler et se défendre, il garde le silence.

L’embarras de Pilatus était grand. Tout à coup, un des accusateurs dénonça Jésus pour avoir soulevé le peuple en Galilée.

Ce nom seul suggéra à Pilatus un nouvel expédient. Jésus étant Galiléen, et l’offense qu’on lui