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LE CENTURION

formidable de la religion juive, un adversaire invincible du sacerdoce pharisien ou sadducéen.

Il comprenait que le nouveau prophète était de taille à renverser la synagogue, et il s’expliquait très bien pourquoi tout le Sanhédrin demandait sa mort.

Mais que lui importaient la synagogue et la loi mosaïque ? Si le prestige sacerdotal, et l’influence du gouvernement théocratique des Juifs étaient menacés de ruine, tant pis pour les princes des prêtres. Ni lui ni les Romains n’avaient raison de s’en inquiéter.

Le gouverneur entendait bien les sanhédrites, quand ils lui disaient que Jésus méritait la mort parce qu’il s’était proclamé Fils de Dieu. Mais il lui eût semblé ridicule, à lui magistrat romain, appartenant au polythéisme, de prononcer sur cette partie du litige. Se proclamer Dieu était à ses yeux une manie inoffensive, et non un crime.

Tous les sceptiques de Rome se seraient moqués de lui, s’il avait fait crucifier Jésus pour une telle offense.

Aussi répondait-il aux sanhédrites par son attitude : « Pour qui me prenez-vous ? » « Est-ce que je suis Juif, moi ? Est-ce que j’attends un Messie ? Et vous imaginez-vous que je vais étudier tous vos prophètes pour savoir si les traits caractéristiques qu’ils ont donnés au Messie se rencontrent dans Jésus.

« C’est vous qui auriez dû faire ce travail avant de déclarer Jésus digne de mort, puisque vous