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LE CENTURION

— Ennemis de Jésus, triomphez tous ; mais hâtez-vous, car l’heure de votre défaite est proche ! Et tout ce que vous croyez perdu est sauvé ! Et tout ce qui vous semble fini va recommencer !

Jésus rend le dernier soupir. Mais à ce moment suprême il relève la tête, et il pousse un cri si puissant qu’il retentit jusqu’au fond des tombeaux, comme le clairon du jugement dernier. Le Temple de Salomon l’a entendu, ses lourdes portes de bronze s’ouvrent d’elles-mêmes, et le voile du Saint des Saints se déchire ; le feu sacré s’est éteint au grand chandelier d’or, la terre tremble, les rochers se fendent, les tombeaux s’ouvrent et les morts ressuscitent.

Singulier vaincu en vérité, que Celui qui annonce ainsi sa défaite à l’univers !

Le soleil était déjà en grand deuil ; voici la terre qui souffre à son tour, et qui tremble. Et pour remplacer les vivants qui ne veulent pas reconnaître le vrai triomphateur, les morts se lèvent pour signaler sa victoire.

Aberration monstrueuse de la liberté humaine ! La créature raisonnable est restée sourde à la voix de son Créateur, mais la nature physique l’a entendue !

Le cri désespéré d’un Dieu n’a pas remué les cœurs des hommes, mais il a ébranlé les entrailles de la terre et les profondeurs des cieux !

Et cependant, après le dernier cri que Jésus ait fait entendre à la terre, et dans le silence solennel