Aller au contenu

Page:Routhier - Le Centurion, roman des temps messianiques, 1909.djvu/425

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
423
LE CENTURION

Que vais-je devenir ? Et cette pauvre Claudia ne souffre pas moins que moi. Car elle aussi elle aimait le merveilleux prophète, et elle a fait tout ce qu’elle a pu pour empêcher son mari de le condamner. Mais Pilatus avait peur d’entrer en lutte avec les sanhédrites, qui l’auraient dénoncé à Rome, et qui auraient demandé son rappel.

Nous errons comme des âmes en peine dans les vastes salles de la tour Antonia. Nous sommes montées ce matin sur le parapet supérieur, et nous avons jeté un coup d’œil sur le Calvaire.

En apercevant la croix restée debout, qui nous tendait les bras, nous sommes tombées à genoux, et nous avons fondu en larmes.

Nous sommes ensuite allées au Temple. Il était désert. Elle ne s’y fera plus entendre la voix sympathique et touchante du prophète.

Le grand voile du Saint-des-Saints est horriblement déchiré depuis la voûte jusqu’au parvis, et il laisse voir à tous les regards les profondeurs mystérieuses que le grand-prêtre seul connaissait.

On dit que depuis hier des voix étranges s’y font entendre, et crient : sortons d’ici !

Le tremblement de terre a fendu le mur oriental du sanctuaire ; l’autel des holocaustes a été lézardé par la secousse, et les grandes portes de bronze se sont ouvertes d’elles-mêmes et disloquées.

Toute la ville semble plongée dans la stupeur, comme si elle avait le remords de son crime. On ne voit personne dans les chemins, où plusieurs