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LE CENTURION

Après une courte entrevue avec Jean, qui est plongé dans la plus profonde douleur, nous avons été admises en présence de cette femme, dont le fils était pour nous le plus grand des humains.

Voilà la Mère des douleurs ! avons-nous pensé en la regardant. Elle n’a pas encore 50 ans, et, quoique brisée par la catastrophe qui l’a frappée elle est encore très belle…

Nous lui avons dit toute notre admiration pour son incomparable fils, et toute notre douleur de l’avoir vu mourir. Elle a paru touchée ; mais elle a été quelque temps sans nous parler.

Cette douleur muette nous a tellement émues que nous nous sommes mises à pleurer, et c’est elle qui nous a consolées, nous qui venions lui offrir des consolations.

— « Consolez-vous, nous a-t-elle dit. Tout n’est pas fini. Mon fils a prédit qu’il ressusciterait le troisième jour. Or, mon fils n’a jamais trompé personne. »

— Vous croyez donc qu’il va revivre ?

— J’en suis sûre, puisqu’il l’a dit.

Cette foi absolue dans la résurrection de son fils, qu’elle proclame aussi son Dieu, nous a donné un peu de courage et d’espoir ; et nous sommes revenues au palais un peu consolées. Mais comment croire à l’incroyable, ô mère ? Comment l’impossible serait-il possible ?