Page:Routhier - Le Centurion, roman des temps messianiques, 1909.djvu/444

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
442
LE CENTURION

Claudia et Camilla ne doutaient plus, et elles s’efforcaient d’inculquer leur croyance dans l’esprit de leur père. Mais le vieux patricien résistait :

— À mon âge, disait-il, on n’abandonne pas les croyances de toute sa vie…

À chaque nouvelle apparition de Jésus, Camilla venait lui faire part des renseignements qu’elle avait recueillis, et des témoignages de plus en plus nombreux qui attestaient la résurrection.

— Non seulement les apôtres et les disciples croyaient, lui disait-elle ; mais un grand nombre de Juifs pieux et sans préjugés avaient pris rang parmi les néophytes. Il y avait même des croyants parmi les scribes et les anciens ; et elle lui nommait Gamaliel, Nicodème et Joseph d’Arimathie.

— Il y avait longtemps que ceux-ci étaient enclins à croire, objectait Claudius.

— C’est vrai, répliquait Camilla. Mais, vous vous en souvenez, ils ne voulaient pus reconnaître la divinité dans Jésus.

— Et comment en ont-ils été convaincus ?

— Écoutez leurs récits, mon père. Au moment où Jésus expirait, Nicodème et Joseph d’Arimathie étaient au Calvaire, mais Gamaliel était dans le Temple. Les deux premiers entendirent donc le grand cri que le Crucifié fit entendre à la terre, en rendant le dernier soupir. Ils sentirent la montagne trembler violemment sous leurs pieds, ils virent les rochers se fendre, les sépulcres s’ouvrir, et les morts se lever vivants. Ils accoururent au Temple,