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LE CENTURION

de son âme : Seigneur, vous savez toutes choses, vous savez donc que je vous aime !

Aux deux premières réponses de son disciple, Jésus lui avait dit : « Pais mes agneaux » ! Mais à la troisième affirmation de son amour et de son dévouement, Pierre entendit son Maître ajouter : « Pais mes brebis ».

Ainsi se trouvait établie la primauté de Pierre.

Tout le troupeau lui était donc désormais confié ! C’est lui qui serait le pasteur universel, le chef suprême du nouveau royaume fondé par Jésus-Christ. Quelle dignité ! Mais que de sacrifices, que de douleurs, que de persécutions cette dignité lui imposerait !

— « En vérité, en vérité, je te le dis, ô Pierre : Quand tu étais jeune, tu te ceignais toi-même, et tu allais où tu voulais. Mais quand tu seras vieux, tu étendras les mains, et un autre te ceindra, et te conduira où tu ne voudras pas aller. »

Ils étaient passés et ne reviendraient plus les jours de liberté et d’indépendance. Il serait dorénavant le serviteur des serviteurs, l’esclave des esclaves, enchaîné aux fonctions les plus lourdes et les plus douloureuses, portant sa croix comme son Maître, jusqu’à ce qu’il y fût crucifié comme Lui !

Tels seraient les attributs de sa nouvelle et très haute dignité : l’esclavage, la lutte, la persécution et le martyre.