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LE CENTURION

— Mais quel est, demandai-je alors à Jean, ce mariage mystique dont vous avez parlé, et que votre prophète voudrait contracter ?

Jean m’expliqua tout : Jésus de Nazareth est le fils de Dieu, et il est envoyé par son Père pour fonder sur la terre une société, qui embrassera tous les peuples, et qui sera son épouse mystique. Il l’appelle son Église.

La postérité issue de ce mariage sera innombrable, et formera un nouveau peuple de Dieu. L’humanité toute entière est invitée à en faire partie. Le puits de Jacob auprès duquel, le Fils de Dieu va l’attendre et qui sert d’abreuvoir aux troupeaux, mais dont l’eau n’est pas vive, c’est la fontaine des erreurs humaines et des fausses joies de la terre, dont l’eau n’apaise pas la soif de bonheur qui tourmente l’humanité. C’est la source impure où elle vient chaque jour puiser dans le vain espoir d’y rassasier ses passions. Car elle est pécheresse comme la Samaritaine, et elle ne connaît plus le don de Dieu. Mais le Fils de Dieu le lui apporte en sa personne dans les noces mystérieuses qu’il veut célébrer avec elle.

— Tout cela me semble bien beau, mais bien mystérieux, ai-je dit à Jean.

— Oui, peut-être, m’a-t-il répondu. Mais la parole du Maître éclaire tout.

Je me demande, Tullius, si tu goûteras ce récit de mon ami Jean. Mon idylle de Myriam a su te plaire. Mais il y a un abîme entre elle et celle de